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Devant le « cauchemar » des gangs, l’ONU réclame une intervention en Haïti

Une fillette penchée sur un seau d'eau avec un morceau de tissu.

Une fillette lave un vêtement dans une école transformée en camp de réfugiés pour des familles qui ont dû fuir leur maison de Cité Soleil, en raison des combats entre gangs rivaux. (Photo d'archives)

Photo : Associated Press / Odelyn Joseph

La Presse canadienne

Le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a exhorté vendredi la communauté internationale à envisager le déploiement d'une force armée spécialisée en Haïti, car les gangs violents font vivre des « cauchemars vivants » à des milliers de personnes.

L'appel du commissaire des Nations Unies, Volker Türk, est survenu au terme d'une visite de deux jours en Haïti, à la demande d'un gouvernement incapable de contrôler les gangs qui tuent, violent et pillent un nombre croissant de quartiers.

La violence a augmenté dans le pays appauvri depuis l'assassinat, en juillet 2021, du président Jovenel Moïse.

Il est temps pour la communauté internationale d'aider les autorités haïtiennes à reprendre le contrôle total afin que ces souffrances puissent cesser.

Une citation de Volker Türk, commissaire des Nations unies aux droits de l'homme

M. Türk a ajouté que, puisque de multiples crises à travers le monde se disputent l'attention, il craint que la situation en Haïti ne reçoive pas l'attention urgente qu'elle mérite.

Rapport accablant

Peu de temps après que M. Türk a tenu une conférence de presse, le Bureau intégré des Nations unies en Haïti a publié un rapport de 24 pages sur ce qu'il décrit comme des incidents massifs de meurtres, de viols collectifs et d'attaques de tireurs d'élite à Cité Soleil, le plus grand bidonville d'Haïti, dans la capitale de Port-au-Prince.

Les conclusions de ce rapport sont horribles, a déclaré M. Türk. Cela brosse un tableau de la façon dont les gens sont harcelés et terrorisés par des gangs criminels pendant des mois sans que l'État puisse l'arrêter.

Le rapport indique que du 8 juillet au 31 décembre dernier, au moins 263 personnes ont été tuées et plus de 57 femmes et filles ont été violées dans un seul quartier de Cité Soleil, connu sous le nom de Brooklyn. Cette zone est devenue le point central des combats intenses entre gangs en guerre.

Un jeune garçon dans un lit montre une longue cicatrice sur son ventre.

Rickson Beaubrun, un garçon de Cité Soleil, est soigné dans une clinique de Médecins sans frontières après avoir été blessé par une balle perdue tandis qu'il dormait dans son lit. (Photo d'archives)

Photo : Associated Press / Ramon Espinosa

Pendant ce temps, selon le rapport, les habitants vivaient dans un climat de terreur quasi permanent dû à l'utilisation de tireurs embusqués qui tuent, au hasard, toute personne passant dans leur champ de vision.

Les responsables ont ajouté que des tireurs d'élite se positionnent sur les toits des écoles et autres bâtiments en plein jour pour attaquer des résidents innocents, avec une moyenne de six personnes tuées ou blessées chaque semaine.

Des membres de gangs sont également entrés au hasard dans des maisons en territoire rival, tuant ainsi au moins 95 personnes, parmi lesquelles se trouvaient 6 enfants, dont l'un avait 2 ans, selon le rapport. Les personnes qui tentaient de fuir les violences ont été tuées à des postes de contrôle de fortune.

Il est important de souligner [...] que ces violences et ces exactions ne sont pas commises au hasard, mais sont motivées par l'intérêt des acteurs politiques à contrôler des territoires, indique le rapport.

Des dizaines de milliers de déplacés

Les responsables ont noté que trois hommes avaient été tués par un chef de gang parce qu'ils avaient parlé de la possibilité d'une intervention militaire étrangère, ce que le premier ministre Ariel Henry avait réclamé de toute urgence en octobre, en vain, au milieu d'un siège de terminal de carburant qui a provoqué la fermeture de stations-service et paralysé la vie dans le pays.

Le rapport a imputé la violence à au moins huit gangs, dont le plus grand d'Haïti, le G9 en famille et alliés, qui est un regroupement de gangs dirigé par l'ancien policier Jimmy Chérizier. Il a été accusé de bloquer l'accès à la nourriture et à l'eau, en partie en endommageant les conduites d'eau publiques et en menaçant de tuer les chauffeurs de camions-citernes s'ils se rendaient dans certains quartiers.

Un policier en uniforme pleure devant trois cercueils.

Un policier pleure devant les cercueils de trois collègues morts en service. La violence des gangs a fait 18 morts depuis le début de l'année dans les rangs de la police haïtienne. (Photo d'archives)

Photo : Associated Press / Odelyn Joseph

Par conséquent, les premiers décès dus au choléra en près de trois ans ont été enregistrés en octobre 2022 dans le quartier de Brooklyn, ont indiqué des responsables.

Dans une récente interview avec l'Associated Press, Chérizier a nié les accusations, affirmant qu'il menait simplement un combat social.

Le rapport indique que les gangs en guerre utilisent des armes, notamment des fusils d'assaut introduits illégalement en Haïti, et comptent même sur des bateaux à moteur pour attaquer leurs rivaux. La vague de violence a déplacé des dizaines de milliers d'Haïtiens, qui restent sans abri après que leurs maisons ont été rasées ou incendiées, selon le rapport.

Élections exigées

Le bureau de l'ONU a exhorté les responsables locaux à organiser des élections, à fournir plus de formation et d'équipement à un service de police en sous-effectif et à arrêter les responsables de violations flagrantes des droits de l'homme.

Il a également appelé une fois de plus la communauté internationale à envisager d'urgence le déploiement de troupes étrangères.

Les problèmes sont vastes et accablants, a déclaré M. Türk. Ils ont besoin de l'attention de la communauté internationale.

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